Bicentenaire: La Mappe sarde donne de précieux renseignements sur le territoire de Perly et de Certoux de 1760

La nécessité de collecter la taille (impôts) en fonction de la surface de la propriété agricole a conduit le duc Charles-Emmanuel Ier à promulguer, le 27 mars 1584, un édit visant à indexer le montant de la taille sur la propriété agricole, à conduit à lancer, en 1738, une vaste opération de cadastrage des propriétés dans toute la Savoie de l’époque. Soit la surface couvrant la Savoie, correspondant aux deux départements actuels de la Savoie et de la Haute-Savoie plus des communes actuellement rattachées au canton de Genève, dont Perly-Certoux.

Sur Wikipedia, on trouve cette description de ces mappes:

Les mappes sont physiquement constituées de feuilles de papier épais collées sur un support en lin. Le dessin a été effectué à la plume, le coloriage à l'aquarelle, parfois avec un souci du détail extraordinaire. Les couleurs utilisées codent l'usage du sol : bâti, champs, jardins, rocaille…

Leur état de conservation varie considérablement suivant les communes : certaines sont très bien conservées, d'autres sont partiellement effacées, parfois brûlées. Heureusement, les ampliations communales ont parfois permis de reconstituer les originaux manquants. L'état général reflète fidèlement l'usage intensif que les communes ont fait des documents jusque naguère, le cadastre français ayant mis parfois quelques décennies avant d'arriver dans les municipalités les plus isolées.

C’est le cas de Perly et de Certoux, dont la mappe (photo suivante) date de 1760. Elle donne de précieuses indications sur la structure du territoire. Avec Claude Barbier, historien, on peut relever que l’agriculture a toujours été le point fort de la commune, dont il a façonné le paysage: « Hormis les constructions (maisons, granges, masures, fours, places), les routes et un seul et unique bois, la quasi-totalité du terroir de Perly et de Certoux est dévolu à l’agriculture. Ainsi sur les 236,5 ha de Perly et de Certoux[1] en 1760, 98,12 % de la surface totale des deux villages est dédié aux cultures, sous toutes leurs formes, y compris le jardinage.»

Perly-Certoux, dans son organisation de 1760 comprend 666 parcelles, avec une moyenne de 3 551 m2 pour chacune d’entre elle. Une fois enlevées les 75 parcelles improductives (bois, broussailles, constructions, cours, places), la moyenne monte à 3 926 m2. La plus petite parcelle dédiée à l’agriculture est un pré d’une superficie de 98 m2, la plus grande – cela présente tout son intérêt – est un pâturage d’un peu plus de 10 ha qui appartient aux habitants de Perly (et de Certoux ?). La note dominante reste celle-ci : un extrême morcellement. Une centaine de propriétaires se partagent les 234 ha de Perly et de Certoux.

Pour mémoire, la surface totale de Perly-Certoux est aujourd’hui de 254 ha. La différence – faible – tient à plusieurs éléments qui sont la moindre précision des instruments de mesure utilisés au XVIIIe siècle, le fait que la superficie des chemins n’est pas évaluée. La frontière de 1816 a coupé en deux des parcelles et il n’est pas toujours aisé de reporter sur le cadastre de 1760 les limites de 1816. Enfin, quelques échanges de terrains de commune à commune ont pu modifier – à la marge – la superficie et les contours de la commune.

Une histoire en cours de construction

La commune a mandaté deux historiens, Claude Barbier et Christophe Vuilleumier, pour reconstituer son passé. Ils racontaient à la population les premiers résultats de leurs recherches, qui feront l’objet d’une publication à la fin de l’année 2022. 

C’est à la fin de la période glaciaire, entre 12’500 et 9500 av. J.-C., que les premiers chasseurs-cueilleurs s’aventurent dans la cuvette genevoise. L’arrivée à Perly et Certoux de leurs premiers habitants est liée à la voie fluviale puis, plus tard, à la création d’une route importante entre Genève et Seyssel. A côté de cette route s’élèvent les premières maisons de Perly et de Certoux.

Les habitants connaissent le passé romain de la commune, qui a fait l’objet de fouilles et d’une publication relative. Mais ils savent moins que l’histoire de la commune a connu un black out historique de 5 siècles, au cours desquels rien n’a filtré sur une activité dans les deux hameaux.

On découvrira dans l’ouvrage à paraître comment le fil a été renoué depuis 1050 ainsi que la manière dont se sont développés les hameaux de Perly et de Certoux jusqu’à 1821, ce 1er janvier, quand le Conseil d’Etat, sur pétition d’une cinquantaine d’habitants, consacre la création d’une commune de Perly-Certoux. Il s’agit de regrouper les deux hameaux, alors intégrés dans la commune de Compesières après avoir été détachés de la commune de St-Julien. L’argument principal était que Compesières était éloigné des deux villages, et que ceux-ci n’avaient pas tissé les liens avec leur centre communal. 

Sitôt créée, la commune et ses premiers élus s’attèlent puis 200 +1 ans, à des activités toujours en cours: la réfection des chemins puis des routes; la maîtrise des débordements de l’Aire et la mobilité avec le passage du tram, pour citer les trois éléments redondants dans l’histoire de la commune.

Aujourd’hui, comme l’a dit Claude Barbier, les élus de 1821 seraient fiers de constater les progès de «leur» commune: «Les pétitionnaires étaient peu nombreux et surtout, ils étaient pauvres, a-t-il expliqué au public de la Causerie historique. Aujourd’hui, regardez autour de vous, vous avez tout: une école, de belles routes, des terrains de football... Ils seraient fiers de voir ce que vous avez fait de la commune! ».

Du beaume au coeur pour le public présent. parmi lequel, de nombreux élus anciens et actuels !




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